Je suis allé Jeudi après-midi, avec Martine Weill-Raynal, visiter les commerçants de la rue des Francs-Bourgeois au sujet de la piétonnisation de leur rue. On a donc commencé à la rue de Turenne, et on a descendu toute la rue en visitant tous les commerçants (du 3e) jusqu'à la rue Vieille du Temple.
Et leur avis est plutôt mitigé sur la question ...
La réalité est bien loin de ce qu'on peut imaginer. Il y a deux types de commerçants :
- Ceux entre la rue de Turenne et la rue Elzévir (à l'angle où il y a la crêperie, et le café "Camille") : ils sont littéralement excédés par la piétonnisation. "C'est la catastrophe !, il y a trop de monde !, je suis très embêté" sont des phrases qui nous sont revenus très souvent. Depuis le début de l'expérimentation, tous se plaignent d'un chiffre d'affaires qui a baissé de 30% (une commerçante est allé jusqu'à -60% !) le Dimanche. La raison principale est que leurs clients habituels, qui n'habitent pas le quartier et qui arrivent en voiture, ne peuvent plus venir se garer dans le coin, et ne viennent plus. Et même si la rue est noire de monde, ce sont beaucoup de gens qui se promènent et qui n'achètent pas et la piétonnisation n'amènent pas de nouveaux acheteurs comme on pourrait l'imaginer. Une commerçante nous a fourni son taux de transformation (le pourcentage de gens qui achètent par rapport à ceux qui entrent), il est passé de 10% à 8%, soit une baisse de 20% ! Ceci montre bien que les gens amenés par la piétonnisation ne profitent pas du tout aux commerçants et sont de simples promeneurs. Par ailleurs, les commerçants se plaignent d'avoir de plus en plus de vols. Vu qu'il y a foule dans le magasin (mais de gens qui n'achètent pas !), il est beaucoup plus simple de subtiliser des articles. De plus, pour la première fois depuis de très nombreuses années, un magasin a mis la clé sous la porte rue des Francs-Bourgeois ...
- Les autres commerçants, entre la rue Elzévir et la rue Vieille du Temple, sont soit relativement neutres sur la question, soit ravis. Évidemment la crêperie et le cafetier sont aux anges (surtout concernant la vente à emporter !). Quant aux autres, ils n'ont pas vu leur chiffres d'affaires évoluer significativement (ou une légère baisse), mais ils sont très content d'avoir une rue sans voiture, plus calme, sans klaxon, donc une qualité de vie au travail meilleur
C'est surtout des avis très tranchés que l'on a recueilli, et l'on a vraiment senti la différence de perception entre ceux (très nombreux) qui sont proches de la rue de Turenne et qui ont une rue avec une densité humaine inimaginable (une commerçante habitant rue de Sévigné nous a même confiés qu'elle ne rentrait plus chez elle par la rue des Francs-Bourgeois, mais qu'elle fait un détour juste pour éviter la foule tellement elle était grosse), et ceux qui, plus proches de la rue Vielle du Temple et donc moins nombreux, profitent d'une rue plus calme et sont globalement content.
Une chose est certaine en tous les cas. On a demandé à chaque commerçant si la Mairie est passée les voir, ou a organisé une réunion de concertation avec eux sur cette question, et apparamment cela n'a pas été fait ...
Commentaires